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Date May 2003
Type Mag
Source Magic, revue pop moderne, issue 71
Title Non stop erotic cabaret
Country France
Journalist/Photographer Estelle Chardac/Polly Borland
Pix     
Text goldfrapp,
non-stop erotic cabaret

Ils avaient pourtant semé des indices... En interprétant une version robotique et sexy de l'inoubliable Physical d'Olivia Newton-John sur scène, Alison Goldfrapp et Will Gregory traçaient déjà le sillon à venir. Celui de Black Cherry, album de la renaissance précoce, remise en question courageuse d'un duo gavé de ses propres ambitions orchestrales, superbement illustrées par l'élégant Felt Mountain. Ce qu'elle perd en pureté, la musique de Goldfrapp gagne ici en décadence et en couleurs, oscillant entre glamour et glam rock, gémissements félins et hystérie communicative.
Onirisme et onanisme.
Article Estelle Chardac. photographie x


L'affaire paraissait mal engagée. Alison Goldfrapp venait de matérialiser la pire hantise du journaliste : l'interview qui se passe très très mal. Dispensée dans un hôtel cossu parisien, elle s'était achevée dans le drame le matin même, invectives glacées et commentaires vachards à l'appui. La demoiselle étant notoirement peu portée sur l'exercice, l'issue de cette journée promo pleine à craquer n'augurait donc rien d'encourageant pour cet entretien. Mais comme le veut le précepte bien connu, "cherche l'agneau derrière le loup ", l'histoire prend une direction opposée. Détendue, joviale, boucles d'or se tortille dans tous les sens, cause chiffons, entame ses phrases d'un "peut-être" systématique, seule réminiscence de la sauvageonne mal assurée d'il y a trois ans. Rien ne semble aujourd'hui subsister d'elle, hormis cette étincelle canaille dans ses yeux azur. Changement dedécor, donc. Et à tous les niveaux. Exit la fraîche poudreuse, les paysages bucoliques de Felt Moutain : le rideau se lève sur la chaleur enfiévrée de l'insolente machine urbaine. Le temps qu'Alison troque ses bibis 40's, soieries 50's, coiffure 60's pour des chaussures fluos et un T-shirt aux rayures transversales, et la voici attifée pour sa nouvelle pièce, Black Cherry. Les claviers bousculent les cordes maltraitées, les béats industriels pervertissent les ambiances soyeuses, la pudeur s'efface devant une sexualité arrogante. Rythme frénétique contre langueur mélancolique, innocence contre jouissance : Goldfrapp joue les contraires, et, de son propre aveu, s'est grand ouvert. Belle occasion pour demander à son ange bleu si elle a perdu sa "cherry" (sa "fleur") en cours de route... "Est-ce que je l'ai perdue ?! (Rires.) Peut-être ! Ou peut-être que je l'ai regagnée, qui sait ? Ma vie personnelle a beaucoup changé, rien ne m'arrête aujourd'hui... C'est bizarre de se dire que son premier album a mûri pendant toute sa vie, alors que tout est si condensé la seconde fois. Black Cherry est assez physique, et Felt Mountain, plus cérébral et réfléchi. Plus unidimensionnel. Au bout d'un an et demi de tournée, je me suis soudain sentie claustrophobe, accablée par ces chansons, même si je les adore. A la fin, je rêvais d'explosions sonores, de synthés cheap, histoire de tacher son aspect immaculé ! Will était d'accord : lui aussi voulait se lâcher. Il était hors de question qu'on resserve la même soupe, même s'il va bien se trouver des gens pour se demander ce qu'on fout! J'imagine que le changement est dramatique, qu'on sort ce genre de disques bien plus tard dans sa carrière, mais je déteste les formules. La preuve, on pensait inclure deux morceaux écrits sur la route sur ce nouvel album : une fois en studio, impossible même de les écouter ! Ils nous rappelaient tellement Felt Mountain, c'était comme si on connaissait le secret de fabrication, ça semblait si simple. Alors, on a su qu'il fallait partir d'une base neuve, quitte à revenir en terrain familier après, ce que tu finis par faire de toute façon. Tu construis tes règles, puis tu les brises. Sinon, je crois qu'on est plus relaxé à l'idée de défendre un disque. A l'époque, je n'avais jamais donné d'interview de ma vie ! C'était très étrange, je me sentais totalement aliénée. Cela m'arrive encore, parfois". Pour cela, on la croit sur parole. D'autant que l'accueil timoré du premier Lp dans la presse anglaise aura sûrement déçu quelques espoirs nourris, inconsciemment ou non, par Will et Alison.

CANTATRICE BLEUE
Cette fois, leurs compatriotes devraient au moins être surpris par ce disque élevé aux années 70 de Bowie, du krautrock et du disco. Pas complexée pour deux sous, la jeune femme évoque avec précision ces similitudes. "Les gens m'ont fait remarquer que la mélodie de chant de Strict Machine rappelait I Feel Love de Donna Summer... C'est un peu vrai, mais personnellement, je trouve que ça fait plus Vangelis qui se serait mis au glam rock avec Suzi Quatro ! Mais si, enfin !! Ces lignes de synthés mielleuses, ce côté chanteuse d'opéra de science-fiction, un peu comme la cantatrice bleue du Cinquième Élément ! Je trouve Tiptoe plus proche de Summer / Moroder,en revanche, pour son côté à la fois dance et mélancolique, béats et cordes". Avec, en première ligne, l'ardu single Train, rodéo synthétique à la Jean Génie, Goldfrapp peut d'entrée compter ses adhérents. Dommage de devoir fatalement en abandonner si tôt sur la route. Car au détour d'irrésistibles morodereries, se nichent de superbes ballades, la sépulcrale Crystalline Green et l'enivrante Black Cherry, preuves d'un talent d'écriture intact et toujours accessible malgré les bouleversements sonores. Entouré d'un cercle étendu de collaborateurs, dont le fidèle Nick Batt, la paire d'as semble donc avoir ouvert les portes de son studio à tous les vents. À l'ex-Add N To (X) Steven Claydon aussi, peut-être ? Le commentaire laconique d'Alison à son égard - "Je crois qu'en ce moment il écrit de nouveaux morceaux " - dément pourtant cette éventualité, ainsi que l'existence même de relations intimes. Will serait-il aujourd'hui le seul homme de sa vie ? Grand bien en fasse au duo, plus complémentaire que jamais. "Je ne sais pas si l'on a véritablement changé nos rapports, mais nous sommes plus installés dans notre monde, plus coutumiers de la présence de l'autre. Les deux premiers mois d'enregistrement ont été difficiles, pourtant, on regardait les murs en se demandant qui nous étions, où nous allions, pourquoi nous faisions cela et... Que faisions-nous d'ailleurs? (Rires.) Puis, déclic, ébullition, et l'on ne s'est plus arrêté, par peur de perdre le fluide! On s'est beaucoup amusé avec l'improvisation, notamment sur Twist et Train. Un jour, je me souviens d'être rentrée chez moi sur un nuage et d'avoir appelé tous mes amis, hystérique : 'Waouh, tu te rends compte, on a joué le morceau entier nous-mêmes ! Et j'ai trouvé une ligne de basse!'" Voilà qui devrait clarifier le rôle d'Alison au sein de ce groupe totalement bicéphale dont on a trop souvent crédité le génie au seul Gregory. Et le jeu de jambes à celui de la miss. Qu'elle maîtrise très bien par ailleurs, épaulée par un sens aigu du vintage chiadé. Et par un goût de l'image multiple, fignolé jusque dans l'artwork de Goldfrapp. Son allure d'actrice du muet, de diva de cabaret sur scène s'oppose ainsi à la toupie fumeuse de cigares rencontrée au détour de rares sets Dj, un exercice qu'elle compte renouveler avec bonheur - et avec la discrète aide technique de son compagnon de route. Quant aux concerts, c'est une autre affaire, qui impliquera un meilleur rapport visuel qu'aupa ravant. "Je te rassure, je ne vais pas me mettre à danser. (Rires.) J'ai plein d'envies mais face au manque de temps et d'argent, elles sont difficiles à réaliser. C'est sûr que j'aimerais que nos concerts aient un côté décadent. Un changement de costumes, un décor... Ma pire hantise serait que je n'arrive pas à me dégager d'une robe ou qu'elle entrave mes pas. Les gens penseraient que je fais une sorte de numéro de mime. (Rires.) " Aucun risque de confusion, pourtant : Alison a la langue trop joliment pendue pour ne pas s'en servir.

magic, revue pop moderne n°71

 
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