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Date May 2003
Type Mag
Source Trax, issue 63
Title Alison aux pays des merveilles
Country France
Journalist/Photographer Vincent Brunner/ Bernard Benan
Pix            
          
Text G  O  L  D  F  R  A  P  P
ALISON AUX PAYS DES MERVEILLES

VOUS CROYIEZ GOLDFRAPP UNIQUEMENT AMATEUR DE FÉERIES ET DE TRIP HOP AUX ENVOLÉES CINÉMATOGRAPHIQUES ? AVEC L'ÉNERVÉ ET TRÈS HOT BLACK CHERRY, LE DUO CHANGE DE BOBINE ET LA BELLE CHANTEUSE ALISON S'ENCANAILLE. TENTATIVE D'EXPLICATIONS DE CE VIRAGE ÉLECTRO-DISCO BOUILLANT AVEC LA BELLE ET SON COMPÈRE WILL GREGORY.

Des danseuses en bikini à la chorégraphie aussi mécanique que torride, affublées d'oreilles de loup factices ou déguisées en cerfs, un lourd climat de stupre plus proche de la partouze que du Crazy Horse, un soupçon de sadomasochisme pour pimenter le tout... Au milieu de ce cabaret décadent, on trouve Alison Goldfrapp, alanguie et plus aguichante que jamais, vantant sur fond d'électro-glam les mérites du mystérieux train dont elle serait la troublante conductrice. Si on est encore loin de l'érotisme brut et crade de la vidéo réalisée pour le "Dirt" de Christina Aguilera, "Train", le nouveau clip de Goldfrapp provoquera un semblant de choc chez les habitués du groupe. Si vous aviez gardé de la belle Alison l'image d'une diva froide la tête perdue dans ses rêves en cinémascope, ce souvenir va voler en éclats d'un beau rouge sang.
Felt Mountain, le premier album du duo qu'elle a formé avec son compatriote Will Gregory, avait pourtant imposé un univers sensiblement différent, onirique et majestueux. Aérienne et capable de spectaculaires acrobaties, la voix d'Alison a envoûté un million d'oreilles dans le monde(en France, Felt Mountain a été disque d'argent), sa silhouette d'elfe leur a peut-être suggéré des contes de fée pour adultes, des romances gothiques inédites. Et trois ans après, la voici de retour en meneuse de revue, voire entraîneuse pour un luxueux strip bar, allumant les sens des auditeurs avec les invitations lubriques de Black Cherry, surprenant et excitant deuxième épisode. Pour résumer cette métamorphose, on se tournera vers le grand écran, une source d'inspiration notoire du duo.
Après s'être nourris de leur cinéphilie et des BO signées Ennio Morricone ou John Barry pour réaliser les remakes imaginaires de Felt Mountain, Alison Goldfrapp et Will Gregory semblent avoir voulu se plonger dans une ambiance ambiguë à la Eyes Wide Shut de Kubrick. En se fiant aux couleurs outrageuses du clip de Train, on pourrait même croire qu'ils ont décidé de s'annexer le Oneyed Jack ("Jack' n'a qu'un oeil"), le bordel de Twin Peaks, pour le transformer en dancefloor brûlant avec le disco bagarreur de Black Cherry.

CAPTER L'ATTENTION
La raison de cette réincarnation éminemment sexuelle et groovy, il ne faudra pas la chercher dans un quelconque bouleversement (et, non, personne n'a mis du MDMA dans leurs verres). Goldfrapp a évolué mais au fond d'eux-mêmes, ses membres n'ont paradoxalement pas changé. Malgré le succès quasi-immédiat, ils conservent la même exigence personnelle. La frustration accumulée dans le passé lorsqu'ils travaillaient pour d'autres semble avoir laissé une mpreinte dans leurs esprits, leur interdisant de vivre un présent morne et ennuyeux. En 2000, alors que le duo donnait ses premières interviews en France, installé dans une salle du Musée de la Chasse et de la Nature parisien (déjà, la fascination pour les animaux auvages !), il estimait être trop blasé pour se contenter d'une musique prévisible. "Il faut que notre musique capte l'attention, à commencer par la nôtre." En 2003, Alison et Will obéissent toujours au même impératif: se surprendre. "Nous sommes restés les mêmes, mais nous n'avons jamais envisagé d'imiter ce que nous avons déjà tenté, cela aurait été trop ennuyeux, explique Alison. Nous n'avions pas le choix. On a tellement joué en tournée les chansons de Felt Mountain. Même si je les aime, j'avais envie de faire exploser ce répertoire." Plus mesuré, Will précise: "Dans la même direction musicale, c'est-à-dire influencée par les soundtracks du cinéma et l'orchestre, il y a encore à faire. Néanmoins, nous devions sortir de cet univers. Ce n'est pas tant que ça devient un piège artistique, mais il nous aurait fallu tellement de temps et de réflexion pour créer quelque chose qui nous intéresse autant que par le passé. Nous avons donc choisi un autre point de départ".

L'ICÔNE ET L'OMBRE
Lorsque l'on veut pénétrer plus avant au c?ur de la mécanique
Goldfrapp et comprendre ce qui a mis Alison et Will sur la piste de la dance, on se heurte alors à des conceptions opposées de l'échange avec l'extérieur (le public ou les journalistes). Les deux Anglais continuent en effet de respecter les rôles qu'ils se sont eux-mêmes attribués au début de leur aventure commune. Centre de tous les regards, Alison est l'icône, c'est elle qui porte sur ses frêles épaules tout le poids de l'identité visuelle du groupe et, entourée de loups, orne la pochette de Black Cherry. Assurément moins glamour, Will le sympathique binoclard (à la Wim Wenders, toujours le cinéma) se satisfait pleinement du rôle de figuration dont il a hérité. Mieux, c'est lui qui désire rester l'homme de l'ombre. Ainsi, début mars, lorsque Goldfrapp interprète pour la première fois les titres de Black Cherry sur la scène de L'ULU (University Of London Union), en spectateur très attentionné de son propre groupe il demeure vissé à la console de mixage, ajoutant de temps à autre des effets à la voix d'Alison. Pendant ce temps, elle, vénéneuse, virevolte sous les projecteurs. "Derrière mes claviers, je ressemblerais à un secrétaire, un dactylo, estime Will. J'aimerais être expressif, mais je sais que je n'y parviendrais pas chaque soir. Au contraire, j'apprécie cette fonction de metteur en scène, je la trouve plus confortable. Je surveille la bonne marche du monde que j'ai créé, j'ai la possibilité de m'élever tel Dieu, d'avoir une vue complète du show, des lumières, de tout. En même temps, même si je ne suis pas acteur, cette occupation de directeur technique représente du boulot." C'est donc Àlison seule qui habite l'alléchante vitrine du groupe, en constitue la figure de proue. Cependant,il n'est pas rare que le client potentiel, attiré par la starlette bien disposée en façade, se cogne la tête contre la devanture, renforcée et... salement glacée.

PAPIER GLACÉ
Quand elle nous reçoit dans la chambre d'hôtel réservée par sa maison
de disques (chez Goldfrapp. on donne désormais les interviews séparément), elle est déjà en représentation, assise près de la cheminée, lookée des pieds à la tête (des sacs Vivienne Westwood sont posés près d'une petite table). D'entrée, la paire de lunettes fumées qu'elle arbore donne le ton (sec, impersonnel) et prévient de tout débordement. Au bout d'une demi-heure d'un entretien de plus en plus houleux, la vérité s'impose: il est impossible de forcer le cordon de sécurité qui entoure le cerveau d'Alison, la distance (paranoïaque?) qu'elle impose entre les journalistes et elle. Réellement mal à l'aise, elle se préserve à tout prix des intrusions mentales auxquelles ils se livrent, c'est bien connu. "Je n'aime pas évoquer ma vision de notre musique, cette vision je la retranscris en studio, je n'en parle pas (...). La presse ne m'intéresse pas, je la considère comme de la merde, surtout en Angleterre." Progressivement, le dialogue devient routinier, les réponses sont méprisantes et volontairement caricaturales ("Ma vie n'a pas radicalement changé, je peux juste me payer davantage de taxis"}. Il suffira que l'on mette en doute la sincérité de sa passion pour la musique, cette passion qui affleure tellement peu souvent dans son discours sans âme, pour qu'elle quitte enfin ses poses de gravure de mode. Sous le coup de la provocation, elle s'emporte, réagit, s'indigne ("Comment oses-tu, toi et tes questions ridicules?"). La discussion est close mais, au moins, on aura réussi à la toucher. Non, son implication au sein de Goldfrapp n'est pas subordonnée à des retours sur investissement, il vient déjà d'un viscéral besoin de s'exprimer. Rencontré une semaine plus tard, Will Gregory contraste, lui, par sa simplicité. Après s'être heurté au clinquant et au toc de la vitrine, entrer dans la maison Goldfrapp par ces accueillantes coulisses se confirme plus facile et instructif.

ÉLOGE DU PHYSIQUE
"Après Felt Mountain, le seul morceau qui nous a inspirés est cette reprise de 'Physical' d'Olivia Newton John. Très vite, on a eu cette image d'une frappe mécanique." Mis en jambes par cette reprise déjà remuante, les deux Goldfrapp débutent l'année 2002 en délirant avec leurs synthés, montent le tempo, improvisent autour de rythmes marqués, se rappellent en fait qu'ils sont fans de disco seventies et de Daft Punk. "Dans ce genre, tu découvres parfois de grandes chansons, avec des arrangements opulents, beaucoup d'imagination, de la mélancolie. Et, en plus, tu peux danser dessus!", précise quand même Alison qui s'est également improvisée DJ lors des derniers mois. Eux qui s'étaient interdits d'ajouter du béat aux compositions atmosphériques de Felt Mountain, de peur d'être vampirisés par les BPM, se sont aventurés avec leur batterie électronique sur le terrain du groove. "Au début de notre association, on s'était dressé une liste d'interdits, un ensemble de dogmes, se souvient Will. L'année dernière, on a songé à cette liste et décidé de l'oublier. Il ne faut pas s'emprisonner soi-même, non ?" S'ils prennent eux-mêmes la clé des champs, ils ne choisissent pas pour autant la voie de la simplicité. "Partir dans l'inconnu, s'avancer sur un territoire où nous n'étions pas sûrs de nous était un peu effrayant mais nécessaire. On s'est dit qu'il fallait être courageux!" La peur de tomber dans la dance music répétitive, la prudence face à la réhabilitation des années 80 dont ils veulent se démarquer constituent des dangers moindres comparés à la crainte de perdre leur alchimie.

VERTIGES DE L'AMOUR
"À un moment, comme on manquait d'assurance, on a appelé un ami à l'aide pour nous programmer un rythme, un breakbeat très moderne et branché. Mais finalement on est revenus en arrière, au rythme stupide et non sophistiqué que l'on s'était bricolé. Nous sommes restés attachés à la fonction physique de la dance music, elle doit d'abord parler à ton corps et pas à ton intellect. Le fait que nous étions des ignares en matière de rythme a d'ailleurs été probablement une force. De toute façon, nous ne sommes pas bons lorsqu'il s'agit de jouer la facilité. Le processus de composition est toujours inconfortable, comme traverser une zone grise d'incertitudes, de doutes. Écrire une chanson, c'est pour nous comme entamer une relation amoureuse avec beaucoup de hauts et de bas. On a un béguin instantané, ensuite on va l'adorer. Et dans l'après-midi même, on va la haïr. Arrive un moment, après cette période de crise, où l'on se demande si on a envie d'être vus en public avec elle. C'est une méthode dramatique." Ces conflits intérieurs n'ont pas entaché la cohérence de l'aphrodisiaque Black Cherry, ni diminué la puissance de "Twist" et "Tiptoe", portés par une Alison impeccable en femme fatale synthétique. Quant au futur, rien ne sert de l'envisager trop tôt, mieux vaut jouir de ce deuxième album stupéfiant. "On réfléchit beaucoup, on consigne sur papier des idées. Mais, inévitablement, rien ne se passera comme prévu", prévient Will. Quant à Alison, elle avance, perverse : "Le prochain Goldfrapp ? Je ne sais pas... Peut-être de la musique grégorienne."

DES CV EN OR
Si Alison n'aime pas s'appesantir sur leurs expériences passées, Will et elle n'ont pas à rougir des collaborations qui ont précédé la formation de Goldfrapp. Alison a ainsi participé aux deux meilleurs albums du duo de techno mélodique Orbital (Snivilisation, In Sides), été conviée à un duo avec Tricky ("Pumpkin" sur Maxinquaye) et prêté sa voix à Juryman, le projet électro-jazz nomade d'un autre compatriote, Ian Simmonds (sur l'album The Hill). Plus récemment, on l'a retrouvée choriste pour le crooner rock Bryan Ferry (Frantic). Will Gregory est, lui, réputé pour son travail de soundstracks : il a notamment composé la BO de I.D., film anglais sur le hooliganisme. Multi-instrumentaliste (des claviers jusqu'au hautbois), il a été accompagnateur live de Portishead - c'est un proche du guitariste Adrian Utley -, musicien de session pour The Cure (Moodswings) ou Spiritualized (Lazer Guided Melodies). Eclectique, on retrouve sa trace sur un album de saxophone "classique" (Alone de Simon Haram) ou crédité comme compositeur à côté de Michael Nyman ou de Chick Corea (First & Foremost). Enfin, en dehors de Goldfrapp, le duo Alison - Will est présent sur la musique de Ovo, le projet multimédia et géant de Peter Gabriel ou sur la BO du road-movie irlandais Accelerator. Bref, ce sont loin d'être des débutants (et ce rapide tour d'horizon ne reflète que la partie émergée de leur parcours).

 
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